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17 mars 2015 2 17 /03 /mars /2015 07:57
Confession et rédemption...sur la voie de la guérison

 

 

 

 

 

Je vais déposer sur le clavier ce que je n'ai plus besoin de porter.

Et déjà je sens les bienfaits de cette terre-happy, je dépose et je souris.

 

J'ai 14 ans. Dans mon ventre, un être en création, dans mon sein, un poison.

Je ne tenterais pas ici de comprendre la raison profonde de tout cela, car je n'ai pas besoin de tout comprendre pour lâcher prise.

Je me déteste.

Mon corps m'échappe, il enfle, proteste, je le malmène, je l'étouffe sous des montagnes de bouffe, je me vois perdre le contrôle que je n'ai jamais vraiment eu.

Je suis tellement mal que je provoque l’expulsion de ce corps étranger le plus tôt qu'il m'est permis de le faire. Car cet être doit venir sur terre.

Cet être c'est mon enfant.

C'est l'enfant de l'univers qui m'a choisit pour s'incarner ici.

Je n'en ai absolument pas conscience en ce moment présent, j'ai juste la sensation d'être dépossédée de moi-même.

Il naît à sept mois et demi de grossesse, je viens de fêter mes 15 ans à peine deux semaines plus tôt.

On me présente une créature chétive, un affreux gnome hurlant, je n'en garde aucun souvenir, si ce n'est la douleur de la mise à bas.

J'emploie ce terme volontairement car c'est la sensation que j'ai, je ne suis plus humaine, je ne suis pas une mère, je suis une vache, une éléphante...

Groggy, effrayée, dégoutée de moi-même, je suis dans ma chambre d'hôpital, seule.

L'infirmière m'a interdit de bouger, je dois actionner la sonnette au moindre prétexte.

Genre je vais demander la permission d'aller pisser?

Haha, je m'en fous de ces conneries, je me lève...

Je manque de me casser la figure plusieurs fois, je vacille, chancelle, mais ma volonté est plus forte que ce gros tas de graisse qui se prétend être mon corps.

Je l'entraine de force jusqu'à la salle de bain.

Quand je réintègre mon lit, après environ une demi-heure de galère, je ne réalise pas non plus que ce n'est que le début de mon auto-flagellation.

Le père de mon fils vient m'apporter une photo, c'est la nouvelle ère du numérique, l'impression est mauvaise, je distingue cependant un truc qui ressemble à un bébé.

A priori c'est le mien, enfin c'est ce qu'on me dit. Non parce que tout l’hôpital peut le voir sauf moi, sa mère. Son père a le droit d'être près de lui, de l'accueillir sur cette planète mais pas moi, moi je suis punie de je ne sais pas quelle bêtise, si ce n'est d'avoir eu l'idée saugrenue d'enfanter, je DOIS me reposer, je ne DOIS PAS être avec celui qu'on prétend être la chair de ma chair, le sang de mon sang.

Si j'insiste sur ce point c'est qu'il est important.

Le contact n'a pas eu lieu.

On pourrait me mettre n'importe quel nourrisson dans les mains que je n'aurais pas la moindre idée si c'est bien celui qui a squatté mon ventre pendant 7 mois et demi.

Ce que je vous raconte là est une bouillabaisse de souvenirs, de sensations, c'est extrêmement désagréable car d'une certaine manière, je revis ce calvaire en l'écrivant.

Mais c'est une libération car tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime en nous.

Et je ne veux plus être la somme de mes souffrances.

Je veux être l'actrice de mes délivrances.

Enfin le jour se lève sur cette chambre, on m'autorise à venir voir mon fils.

Personne ne fais les présentations, je me sens totalement étrangère à ce bout de chair que je dois aimer, que je dois chérir, que je dois protéger pour les 18 années et plus à venir.

Je sens, je sais tout de suite, que ça va être compliqué.

La vue de cet être si petit, si frêle, si démunit...mon mental me dit que je dois l'aimer.

Le regard des gens qui m'entourent, son père, sa grand-mère, les infirmières, tous! M'envoie le message que je DOIS l'aimer.

Seul mon corps me dit la vérité, celle que je ne veux pas entendre, celle qu'il est interdit d'avouer...

J'en ai la chair de poule.

Cet enfant que l'on me dit être le mien me répugne.

Intérieurement, je me cabre et m’enfuis à toute jambes.

Extérieurement je passe ma main dans cette boîte ou il est tenu enfermé, je lui parle, je trouve les mots et tente le ton pour masquer mon désespoir.

C'est le début de l'acte I scène 1.

Du grand art...

Enfin, c'est ce que j'essaie de me convaincre, même si certains ne sont pas dupes de ma supercherie.

Mon mental raisonne ainsi: Ok, je ne l'aime pas, il m'inspire plutôt du dégoût à vrai dire.

Mais j'ai pas le choix, je l'ai voulu, j'ai une responsabilité envers lui, tout le monde me regarde, il faut que je gère.

Je veux à tout prix partir de chez ma mère, c'est une question de vie ou de mort, je ne peux pas l'expliquer, c'est mon instinct de survie qui parle.

Et cet enfant est mon ticket de sortie de cette prison familiale.

Même si cela doit me mener à une autre prison, au moins celle-là, c'est moi qui la choisit, et je vais pouvoir contrôler plus de paramètres.

Bien sur ce que je vous explique là est la somme de plusieurs années de réflexion sur le sujet, bien sur que je ne pensais pas de cette manière quand j'ai vécu cela, je naviguais à vue, ou plutôt je me noyais, avec comme seul objectif, tâcher de garder la tête hors de l'eau, même si j'étais aussi celle qui m'appuyais sur la tête pour me faire couler.

C'était le début d'une lutte acharnée ou ma pire ennemi était moi.

Tout mes souvenirs de cette période sont flous, c'est comme une grande tempête, avec des vents à 300 kilomètres/heures, et une visibilité nulle.

Aussi je vais me perdre en la racontant, je vais laisser venir à moi les souvenirs dans le désordre sans doute, mais on s'en fout. Je n'écris pas ce soir je vomis...

 

Je suis dans notre appartement, obtenu après un mariage obligé pour être considéré comme majeure et que ma mère me laisse quitter son domicile, sans cela elle refusait que je parte, ne voulant pas être tenue responsable des éventuelles galères financières que je pourrais vivre.

Et la suite prouvera qu'elle a eu raison!

Le mariage fut une formalité, ma sœur m'a quand même trainé le matin même dans une boutique pour m'offrir une robe.

Parce que moi je me voyais bien y aller en jogging et gros sweater, tout pour cacher ce corps qui me dégoutait.

Bref, une fois toutes ces formalités accomplis, le foyer plus ou moins construit, je dois encore me plier à la surveillance de la pmi, protection maternelle et infantile, qui s'inquiète tant de mon jeune âge et de mon inexpérience de la parentalité.

Comme si à trente ans on était naturellement plus apte à être mère...

Cette surveillance à contribuer à me renfermer un peu plus sur moi-même et à camoufler d'autant plus la détresse dans laquelle j'étais. Détresse qui porte un nom, dépression post-partum, que j'ai appris bien plus tard.

Ça m'énerve, obligée d'écouter cette conne me dire comment je dois coucher mon fils, à cause de son problème de reflux gastro-œsophagien, il vomit quasiment tout ce qu'il ingurgite, et voilà que madame me dit comment le nourrir, comment l'habiller...

Elle passe son temps à critiquer ce que je fais, le fait que je fume, même si c'est dans la cuisine à la fenêtre, c'est tout de même mauvais pour mon enfant...gnagnagna...

Elle me gave, je sais ce que je fais, je passe mon temps à bouffer du magazine pour jeune maman, à regarder les émissions sur le sujet, à engranger toutes les informations possibles et imaginables pour être la mère parfaite. A défaut d'être la maman parfaite. Ou juste la maman tout court.

Car je fais bien une distinction entre les deux.

Je suis sa mère, sa génitrice, il est dépendant de moi, j'ai un devoir envers lui de le laver, l'habiller, le nourrir...Je suis incapable de l'aimer mais je vais au moins assurer sur le reste.

De toute manière je sais que je suis une mauvaise maman, ma belle-mère me le fait savoir à chaque regard scrutateur qu'elle pose sur moi, mon mari aussi, ma sœur qui vit avec nous aussi, tout le monde sais que je suis une mauvaise maman, alors je dois être une bonne mère.

Je ne peux parler à personne de ce que je ressens au fond de moi car je m'interdis moi-même de creuser le sujet.

Je me punis en cachette, après l'avoir fais payer à mon fils.

Car je lui en veux tellement!

Je le hais, de tout les pores de ma peau, il est l'unique responsable de ma souffrance, et en plus!

En plus je n'ai pas le droit de lui en vouloir car il n'a rien demandé!!!

Je suis prise dans le tourbillon infernal de la culpabilité.

Chaque jour j'avance un peu plus dans le dégout de moi-même.

Quand je suis seule avec lui, ce qui arrive souvent puisque ma sœur et mon mari travaillent, je me venge...

Quand il se met à pleurer sans raisons, enfin je devrais dire que j'estime qu'il n'a pas de raisons de le faire, il a mangé, il est propre, il n'a pas de rot coincé...rien qui puisse justifier à mes oreilles de tels vagissements insupportables!

Je le pourris.

Je lui hurle dessus plus fort que lui.

Je l'insulte de tout les noms, je le regarde avec le regard le plus haineux que je sois capable d'avoir, il m'arrive même de le frapper.

Oh, la première fois je l'ai pas vu venir moi-même.

Il hurlait et gigotait dans tous les sens sur la table à langer, je tentais de le rhabiller, entreprise difficile.

Et là dans ma tête ça fait tilt.

Mais tu vas fermer ta putain de gueule???

Mais putain de bordel de merde qu'est-ce que tu veux??? (je lui hurle dans les oreilles)

Ha tu pleures? Ha t'es pas content?

Ben tiens (une gifle) maintenant t'as une vraie raison de pleurer!

Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fais, mais c'est pas possible d'être une connasse pareille, pardon mon bébé excuse-moi (évidemment il hurle de toute la force possible de ses petits poumons, il devait avoir à peine 3 mois) pardon pardon pardon....

Et je pleure comme une madeleine, et vas-y que je me colle une baffe de toute mes forces pour me punir d'avoir pu faire une chose pareille à mon enfant, celui que je dois protéger, nourrir, choyer, élever...

Je suis la pire salope du monde.

Ça va se reproduire, encore et encore, je me maîtrise de moins en moins quand je suis seule avec lui, je me fais peur, il m'arrive de le tenir à bout de bras en imaginant le balancer par la fenêtre et moi à la suite, pour que finisse enfin ce calvaire...pour tout les deux.

J'ai quand même la seule présence d'esprit de ne jamais le secouer, quand je le frappe c'est toujours des claques sur la joue ou sur les fesses, ça ne doit surtout pas se remarquer.

Et je m'inflige toujours le double de ce que je lui fais.

Jusqu'à me taper la tête dans le mur, de toute ma puissance, de toute ma violence, ne m'arrêtant que lorsque je manque de m'évanouir.

A l'heure ou j'écris ces lignes, il me reste de la honte, de la culpabilité, envers cette personne que j'ai été.

Bien sur, j'ai eu des raisons d'agir ainsi, qui peuvent expliquer pourquoi mais je ne m'attarderais pas dessus, je ne cherche pas votre pitié, ni votre pardon, mais le mien.

Parce que je sais aujourd'hui que nous avons tous toutes les raisons du monde d'être qui nous sommes et de faire ce que nous faisons.

Parce que ce je veux aujourd'hui c'est une absolution de mes crimes.

Et ce n'est pas à vous que je le demande, c'est à moi que je me l'accorde.

Car je suis la pire juge pour mon cas sur cette terre, parce que j'ai été au bout de ma folie, jusqu'à vouloir m'ôter la vie d'avoir fais tout cela.

Le récit est mélo-dramatique, j'aurais voulu adoucir le ton, mais j'avoue que je ne trouve pas.

 

Bien sur, mon couple bat de l'aile, je me débarrasse le plus souvent possible de mon fils, pour le protéger, me protéger, je me sens coincée, je voudrais disparaître, partir à l'autre bout du monde, mais cette idée m'est aussi insupportable que de rester.

Finalement, à force de déconner financièrement, car si je mérite la palme d'or de la mauvaise maman, mon mari mérite celle de l'irresponsabilité financière, notre ménage coule.

Nous ne payons plus notre loyer depuis des mois, nous sommes menacés d’expulsion, je finis par prendre la décision la moins pire dont je suis capable.

Je fais mes bagages et je retourne chez ma mère. Mon mari fait de même chez la sienne.

Et je leur laisse mon fils.

Inconsciemment, je fais le meilleur choix possible, même si je vais me détester de ça pendant de nombreuses années encore.

J'abandonne mon fils.

Bien sur, je me justifie en me disant que je ne veux surtout pas qu'il soit contaminé par ma mère, que je place comme coupable de toute cette histoire, elle qui m'entraine dans son sillage de dépression.

Je me dis que ce n'est que provisoire, que c'est le temps que je retrouve un appartement, un travail mieux rémunéré que le baby-sitting que je fais, et qui couvre à peine mes dépenses de clopes et de cochonneries à bouffer.

Je navigue entre boulimie et anorexie.

Au début, je veux croire que l'histoire d'amour (d'égo) avec mon mari n'est pas fini, alors je le vois régulièrement, et avec lui mon fils.

Mais les relations avec mon mari se compliquent, il s'enferme toujours plus dans des mensonges improbables, tout en continuant de claquer le pognon qu'on a pas, il se décharge complètement sur sa mère, qui le rabaisse plus bas que terre pour le ramasser ensuite à la petite cuillère et se sentir encore indispensable pour son grand bébé de 26 ans.

Elle a récupéré le premier rôle auprès de mon fils, c'est elle la vraie maman.

Elle qui lui donnera tout l'amour que je n'ai pas à donner.

Elle qui l'habillera, le lavera, le chérira, le protégera...

Puisque j'en suis incapable.

Je la déteste pendant des années, l'accusant de m'avoir empêché de prendre ma place.

Mais ce n'est qu'un écran de fumée bien pratique pour me cacher.

La vérité est bien plus déplaisante.

Petit à petit je m'éloigne de mon enfant, inconsciemment toujours, car je continue de prétendre à vouloir m'en occuper.

Mais mon mari et ma belle-mère se dresse entre nous de plus en plus, et quelque part en moi ça m'arrange.

Je peux jouer la victime, celle qui subit.

Cela m'évite de voir le bourreau que je suis.

Bien sur le regard des autres me pèsent, je vois bien que je ne prends pas la direction que je devrais, mais je fais de mon mieux pour m'en sortir, en passant par les chemins les plus obscurs possibles.

Je m'étourdis dans les bras des hommes, je me laisse glisser sur la pente de l'auto-mutilation, des tentatives de suicides que je cache aux personnes les plus proches de moi, ceux qui s'en apercevront ne comprendront pas les appels aux secours.

Jusqu'au jour ou la pression est trop forte, je fais l'ultime connerie, poussé par les avis des autres, qui me disent que je dois récupérer mon fils, que ce n'est pas normal que l'on m'interdise de le voir ou de le prendre comme je le veux...tant que le divorce n'est pas prononcé nous sommes dans un flou juridique concernant la garde de l'enfant.

Je pars donc le chercher à l'école, avec une amie, il ne m'a pas vu depuis des mois, il pleure presque tout le trajet qui nous ramène chez ma mère et moi aussi je ne peux retenir mes larmes devant sa détresse, même si je justifie mon acte par la nécessité.

Arrivé là-bas il se calme, il retrouve ses cousins, sa mamie qu'il n'a pas vu depuis longtemps.

Mais le soir même son père débarque, rentre de force chez ma mère, on se bagarre, ma belle-mère en profite pour aller chercher notre enfant qui est couché, elle parvient à partir avec lui pendant que mon mari m'empêche de l'arrêter, je me débat comme une furie.

 

Quand je comprend que ça ne sert plus à rien, je m'effondre et mon mari s'enfuit sans demander son reste.

Le lendemain je vais au commissariat, déposer une plainte contre mon mari et sa mère.

Quand je rentre dans le bureau du flic chargé de prendre ma déposition, et que mon mari est là avec un mauvais sourire aux lèvres, je comprends que je n'ai aucune chance.

Je tente quand même d'expliquer l'histoire au flic mais celui-ci me coupe la parole et m'enchaine:

Non mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fais? Vous êtes totalement irresponsable, vous enlevez votre fils à l'école, vous voulez lui interdire de voir son père alors que vous il ne vous connait même pas??? Vous êtes une gamine, une mauvaise mère, laissez-le tranquille maintenant, et si vous voulez vraiment faire les choses bien commencez par saisir un juge pour régler les questions de garde.

 

Ce flic qui ne me connait pas, qui a juste entendu ce que mon mari a pu lui raconter, me juge en criant presque, il refuse de prendre ma plainte et c'est tout juste s'il ne me fout pas dehors.

 

Je suis en larmes, je rentre chez ma mère à pieds, tout le trajet je me répète en boucle: il a raison, je suis pire que tout, même lui, cet inconnu, a tout de suite vu comme je suis une mauvaise maman...

 

Je m'assois dans une ruelle, à quelques mètres de chez ma mère, je pleure pendant des heures. Jusqu'à ce que je n'ai plus de larmes.

Puisque je suis si affreuse que ça, je ne mérite pas de vivre.

Je dois mourir, par tout les moyens.

C'est ma seule issue, je suis trop épuisée, je ne veux plus de cette vie, je ne comprends pas ce que je suis venue foutre ici...

Je rentre chez moi, je marche au radar, j'esquive ma mère et m'enferme dans ma chambre.

Je commence par le plus simple, j'ai une bouteille de whisky, plusieurs boites de cachet, même si ce ne sont que des dolipranes et des somnifères léger, j'avale environ 6 boites de médocs avec le litre d'alcool. Je complète le cocktail en me tailladant les veines des deux bras au cutter, dans le mauvais sens mais c'est juste parce que c'est plus facile, et puis ça pisse bien le sang quand même.

Je perds connaissance.

Je me réveille plusieurs heures après, je suis dans le brouillard total, je regarde le sang autour de moi, j'ai même vomi sur mon lit, c'est ignoble, je me lève comme une automate, dans ma tête une rengaine, "putain, même ça j'y arrive pas"...

J'ouvre ma fenêtre, je m'assois sur le rebord, dos au vide, et sans réfléchir plus je me laisse tomber en arrière.

C'est là qu'arrive la scène rigolote (ben oui il en faut une quand même) ma fenêtre se referme sur mon pied...

(putain, y a qu'une nana qui chausse du 45 à qui ça peut arriver un truc pareil)

 

Je me trouve stoppé net en pleine action, suspendue à 3 ou 4 mètres du sol retenue par une fenêtre récalcitrante...

J'avoue que sur le moment je ne saisis pas le comique de la situation, je pense juste (ha non merde alors, ça suffit maintenant!) et dans l'énergie du désespoir, je parviens à déboiter la fenêtre de son axe (un double vitrage quand même) et reprends ma chute ou je l'avais laissée...

J'atterris durement sur la grille qui protège les escaliers du parking.

Non seulement je suis encore vivante, mais je suis incapable de bouger, je peux à peine respirer, la douleur me vrille dans la poitrine, pendant quelques interminables minutes j'ai encore l'espoir que je vais mourir étouffée.

C'est vous dire dans quel état mental j'étais...

Quand je finis par comprendre que je suis toujours bien vivante, que je commence à me les peler, et que à tout moment quelqu'un peut m'apercevoir de chez lui (je suis quand même au milieu de plusieurs immeubles), que même ça pourrait être un gosse qui me voit, et que ça pourrait le traumatiser pour le restant de sa vie...

Bon là je me dis qu'il faut que j'arrête de déconner...

Et me voilà en train d'essayer d'appeler au secours, d'abord en murmurant, un peu comme Kate Winslet, sur le radeau après le naufrage du Titanic, vous savez, elle est tellement congelée que sa voix est inaudible...ben moi c'est la même, sauf que c'est plutôt parce que j'ai 2 ou 3 côtes pétées...

Quelqu'un finit par m'entendre, les pompiers débarquent, galèrent au moins une heure à me faire descendre de mon perchoir étant donné que la grille n'est pas configurée pour résister à mon poids plus celui d'un ou deux pompiers, bref c'est la merde, je pourrais en rire si j'avais pas si mal et si je me sentais pas aussi stupide...

Bon en fait j'en ris quand même, parce qu'il n'y a plus que ça à faire.

C'est ça ou me tuer mais j'ai déjà grillé mes chances pour ce jour-là...

Pour épiloguer cette histoire, il vous suffit de savoir que j'ai passé quelques temps en service psychiatrique, que le médecin qui m'a fait signer mon accord pour l'internement a eu la bonne idée de me dire ceci: Vu votre geste mademoiselle, pour moi vous avez deux solutions. Ce n'était pas un appel au secours, vous avez vraiment voulu mourir, alors, soit vous considérez que vous êtes morte ce soir, et vous vous accordez le droit à une nouvelle vie, soit vous recommencez dès que possible et vous ne vous raterez plus.

Comme vous vous en doutez j'ai choisi la première option...

 

Ceux qui me connaissent savent la suite de l'histoire, pour les autres, faudra attendre la prochaine crise...d'écriture terre-happy!

 

Maintenant je voudrais rapidement expliquer pourquoi je viens de vous raconter cette histoire.

La première raison est pour moi, comme je l'ai dis plus haut, le fait de l'écrire m'aide à me pardonner, à déterrer les derniers vestiges de ma culpabilité qui m'empêchent de progresser. Et il m'a fallu 10 ans pour acquérir suffisamment d'amour, de compréhension et de compassion pour moi-même pour arriver à accoucher de cette sordide histoire, qui n'est qu'un épisode de ma vie mais tout de même très important.

La deuxième raison qui m'a poussé à écrire cela et à le partager, de cette manière, crue, sans concessions, sans romancer non plus puisque tout ce que j'ai écris est véridique, enfin de mon point de vue et dans les grandes lignes...la deuxième raison donc, est que je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécue ça. Certainement qu'il y en a d'autres qui le vivent en ce moment même...

On a beaucoup pu lire des récits d'enfants maltraités, d'enfances brisées...

Il me semblait que le récit du bourreau pouvait être intéressant aussi.

Je veux surtout partager le fait que, tant que je me suis tue, trop terrorisée à l'idée du regard que l'on porterait sur moi, sur mes actes, trop terrorisée à la simple idée de reconnaitre quel monstre j'avais pu être...tant que j'ai refusé de demander de l'aide je suis resté coincée.

Je crois que la première personne qui m'a aidé à changer de vision sur moi a été Eric-Emmanuel Shmitt, dans son livre "la part de l'autre", sur Hitler. A un moment donné il dit un truc du genre: Il ne faut pas diaboliser Adolf Hitler, car en faisant cela, on croit le punir, on croit justifier ses actes. Alors qu'en vérité on ne fait que se cacher à soi-même que l'on serait capable de commettre de telles atrocités nous aussi, nous ne sommes que des êtres humains.

Bon c'est pas tout à fait ça mais c'est ce que j'ai retenu...

Puis il y a eu mon petit loulou, avec sa maîtresse de CP qui répétait: on a le droit de se tromper, on a le devoir de se corriger.

 

Alors voilà, même si je ne pourrais jamais effacer ce que j'ai fais, j'ai le pouvoir de ne plus le reproduire, mais le seul chemin pour cela est de me pardonner. D'accepter d'avoir été imparfaite, de reconnaitre que tout bourreau est avant tout une victime, et que tant que l'on a pas soigné ses plaies, on ne fait que de les infliger aux autres même si c'est la dernière chose que l'on souhaite.

Si je n'avais pas pu un jour discuter de cela à des oreilles amies, qui ne m'ont pas jugé, qui m'ont acceptées avec mes casseroles et aimées malgré ça ou peut-être même grâce à ça, au fait que j'assume mes failles et que j'essaie de faire de mon mieux, chaque jour qui passe.

Et je n'ai pas fini de m'améliorer...

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