Dans la main logée
La plaie est mince
Le sang s'égoutte
La douleur lancinante
Surprend et dégoutte
Pour une si simple égratignure
On gratte, on appuie
Tente de sortir l'intrus
Ça suinte, on gémit
On a pas fière allure
Le bobo n'est rien
Tant que l'humiliation
De faire d'un petit crin
Une telle obstination
On charcute en profondeur
Elle s'accroche de plus belle
On se plaint, on s'énerve!
Mais elle persiste et saigne...
Les ongles, la pince à épiler
On y est presque
Mais non encore raté...
On souffle un bon coup
Le calme revient
Alors tout doucement
On se penche sur sa main
On la prend, on l'observe
Délicatement
Les lèvres se posent
Sur l'objet de souffrance
Du bout des dents s'opère
Enfin la délivrance!
On exulte, on rit
D'avoir tant bataillé
Pour un si petit morceau
De bois mal taillé
On le crache, on se moque
Mais au fond de la bouche
Reste un goût métallique
En souvenir farouche
D'une guerre sans ennemi
Livrée contre nous-même
Dont la souche est profonde
Et la haine souterraine
D'une graine immonde
Au terreau sans merci
L'image est tordue
La rêveuse l'est autant
Mais le réveil perdu
Est du genre insistant
Je suis à la bourre comme d'ab
Mais mieux vaut retard que néant
C'est ainsi que s'ouvre la première page
De mon nouveau roman
L'avenir est présent...